Les jolis souvenirs

Ah, la grisaille, l'humidité. De quoi faire grise mine soi-même. Attendre en trépignant, comme une enfant. Paraîtrait-il que j'en ai le caractère. D'enfant, pas de grisaille. C'est un fauve qui le dit, alors cela est sans doute vrai.
Cette grisaille ne semble pas annoncer la mousson. Au contraire, elle est venue dans un souffle glacé. Après un hiver printanier, voici un printemps hivernal. Il n'y a plus de saisons, ma bonne dame.
Si tous les jours étaient ensoleillés, beaux et secs, nous ne les apprécierions plus, qu'ils disent. Cela reste à prouver.
La semaine dernière encore, c'était le printemps : les vacances, le soleil, les petits oiseaux, le calme.
"Allons voir le coucher de soleil", avais-je dit à mon cher et tendre. Le toutou sous le bras, nous avions commandé deux chun bing (春饼), puis avions pris un taxi-tricycle direction le port.
Mon sens de l'orientation légendaire m'a encore joué des tours. Je m'attendais à regarder vers la mer, à voir le soleil se coucher sur les montagnes des îles d'en face. Oui, je le sais bien, la mer est à l'Est... Le spectacle n'en était pas moins magnifique.
Cette escapade n'était pas prévue. Je n'avais donc pas emmené d'appareil photo avec moi. J'aime beaucoup photographier les paysages au soleil couchant, capturer les ombres chinoises créées par les arbres, ainsi que les nuages épars prenant des couleurs chatoyantes. Ce sera pour une prochaine fois.
Cela m'a rappelé des souvenirs, d'une autre vie. J'y suis, j'y étais, et j'y serai sans doute encore. Plonger de tout son être dans le moment présent, s'imprégner de cette douceur, de ce calme, ne faire qu'un avec la nature, se fabriquer des souvenirs. C'est ce qui compte, au final.
Lâcher prise et profiter de ce spectacle de tous les sens. Un ciel aux couleurs chaudes, un air maritime vivifiant, une brise qui vous caresse délicatement, de délicieux chun bing et de temps à autres, une personne âgée se promenant, une petite radio accrochée à la ceinture, nous permettant d'apprécier une musique d'opéra cantonais.
Simplicité rime toujours avec légèreté.
Puis la nuit est tombée. Et c'est alors la tête pleine d'étoiles que nous sommes rentrés.

Oh, vivement que les jours ensoleillés reviennent, me suis-je dit toute la journée. Mais pourtant ce soir, j'ai eu une envie de changer d'air.

"Et si on allait faire un tour ?", ai-je dis à mon cher et tendre. Le soleil était déjà couché depuis un moment, il faisait froid et humide. Peu importe ! Alors, le toutou sous le bras, nous sommes sortis, sans grandes attentes. Une petite promenade digestive, durant laquelle nous avons pu admirer un feu d'artifice haut en couleurs, tiré depuis la colline voisine. 

Les jolis souvenirs n'ont pas besoin d'un grand soleil, ni que les choses soient parfaites. Certains jours de pluie torrentielle peuvent être également magique.
Peu importe qu'il s'agisse de s'évader dans une bulle de tranquillité, seul ou à deux, d'avoir l'impression que le reste monde s'est effacé, ou au contraire, de s'ouvrir au monde extérieur : voir, écouter, ressentir, partager. Peu importe qu'il s'agisse de se sentir en osmose avec l'autre, avec la nature ou juste avec soi-même. Se sentir ressourcé et heureux, sourire chaque fois que l'on se remémore ces instants, se sentir vivant, c'est ça qui est important.

Comments

[Manounette]

Ca fait rêver :-)